Huiles essentielles et photosensibilisation 2 : le petitgrain mandarine

Après l'article plus général sur les huiles essentielles phototoxiques, un focus sur le petitgrain mandarine repris et augmenté, de mon ancien blog.

Sur le site de l'IFRA, j'ai trouvé ceci :

Petitgrain Mandarin Oil

Recommendation

Skin Contact : Restricted
0.165% (excl. rinse-off products)

Non-Skin Contact : No limitation
 
For applications on areas of skin exposed to sunshine, excluding bath preparations, soaps and other products which are washed off the skin, Petitgrain Mandarin oil should not be used such that the level in the consumer product exceeds 0.165%. This level is based on an assumed content of methyl N-methyl anthranilate of 60%. It has to be reduced accordingly in the presence of methyl N-methyl anthranilate added as such (see remark on phototoxic ingredients in the introduction of the IFRA Code of Practice).

This recommendation is based on the phototoxic potential of methyl N-methyl anthranilate at 5% and on the observed no- effect level of approximately 2mg/cm² on the skin of the hairless mouse (D.L.J. Opdyke (1979), Fd. Cosmet. Toxicol. 17, 273) and of 0.5% in humans. In addition methyl N-methyl anthranilate did not cause photoallergy at 0.5% in human subjects (communication from RIFM).

(35th Amendment to the IFRA Code of Practice - new Standard)

Date of compliance for new submissions: April 17, 2001
Date of compliance for existing fragrance compounds: April 17, 2002

Donc en dehors de produits rinçables, compte tenu du faible dosage indiqué par l'IFRA, je préfère éviter cette huile essentielle pour des produits destinés à une peau susceptible de voir le soleil.

Le composant responsable du risque de photosensibilisation ne serait donc pas une furocoumarine (composant chimique habituellement responsable de ce type de risque) mais un composé azoté, un ester, le methyl N-methyl anthranilate.
Franchomme indique pour le petitgrain mandarine en contre-indications : non connues.

Dans la composition du petitgrain bigarade selon Franchomme, le méthylanthranylate de méthyle figure en dernière position sans pourcentage indiqué. Il indique qu'aucune contre-indication n'existe aux doses physiologiques, l'HE de ce petitgrain-là ne figure pas dans les listes de l'IFRA.

Pour le petitgrain bergamote, il indique dans la composition : furocoumarines (?) (sic) et "contre-indications:non connues".

Pour le petitgrain combava, ni furocoumarines, ni methyl N-methyl anthranilate mais "contre-indications:non connues". Ce petitgrain a une odeur très différente des autres petitgrains, il est très riche en citronellal, ce qui lui confère des vertus anti-inflammatoire et antirhumatismales.

Voilà pour les petitgrains listés par Franchomme.

D'après l'article sur les furocoumarines de Cropwatch, les petitgrains en général ne semblent pas présenter de risques de phototoxicité liés à la présence de ces substances, malgré quelques références les évoquant.

Lien intéressant : Commission européenne

Source image : U Mandriolu, excellent fournisseur

Comments

[bluetansy]

Vous soulevez le problème non seulement du dosage de la molécule mais des autres composants qui peuvent équilibrer et compenser une molécule phototoxique. Par exemple je suis en train de faire des recherches sur la myrrhe qui, si j'ai bien compris, si on s'en tenant à son taux de coumarines devrait être phototoxique et ne l'ai pas à cause du reste de ses composants.

La dose de Methyl Anthranilate est vraiment particulièrement élevée dans celui de mandarine par rapport aux autres. Le petitgrain combawa est complètement différent, il est riche en citronellal de mémoire.

Michèle as tu lu le texte de la commission européenne mis en lien ?

[michele]

L'IFRA recommande d'ailleurs de réduire ces doses si le Me N Me anthranylate est utilisé pur.

J'adore les P.G. que j'ai mis du temps à apprivoiser olfactivement parlant mais qui sont effectivement très actifs.

Comment vas-tu Venezia?

[venezia]

J'ai un peu bossé sur la molécule de méthyl anthranylate, car outre ses caractéristiques olfactives (c'est une note présente dans le néroli et d'autres fleurs blanches par ex, et quand on a su la synthétiser, il y a eu toute une série de parfums qui en sont nés) elle a des propriétés sédatives très puissantes. Théoriquement, c'est le petit grain mandarine qui en contient le plus, puis vient le petit grain clémentine. Ce dernier en renferme moins, mais cette dose serait aussi efficace (en raison d'autres molécules présentes qui potentialiseraient ses effets), semble t'il (suivant les spécialistes avec qui j'ai pu discuter, comme Christian Escriva du Gattilier).
Personnellement, je préfère au nez le petit grain clémentine que le mandarine. Les HE corses de petit grain sont magnifiques.
J'utilise énormément le petit grain combawa pour sa puissance anti inflammatoire.


par ailleurs, comme je prépare certaines synergies parfumée à l'avance, je ne supprime pas les petits grains de mes mélanges.

[michele]

Bonjour Blue,

Je me pose beaucoup de questions à propos de la phototoxicité de cette HE.

Il me semble qu'il y a une réelle contradiction dans le texte de l'IFRA qui indique:

- de ne pas dépasser le taux de 0.165% (pourquoi 0.165%?)
- que ces recommandations sont basées sur la propriété qu'a le Me N Me anthranylate à 5% d'être phototoxique
- qu'il n'y a pas d'effets chez l'homme à 0.5%(no-effect level ... of 0.5%)
- et qu'il n'y a pas de photo allergies chez l'homme à 0.5%.

Dans ma bible de l'aromathérapie "The aromatherapy practitionner reference manual" il y a juste l'indication "appears at low dose ... non phototoxic" mais la low dose n'est pas précisée.
J'ai la version actualisée de 2000.

Trop de précautions tuent t-elles les précautions?
Ou est-ce dû au fait que c'est une HE jeune encore peu connue?
Faut-il plutôt retenir 0.5% comme dose maximale?

C'est très utile d'en parler en tous cas.

[bluetansy]

Non tu as raison...Je file sous la couette ! Hop hop hop... ;-)